La lettre des décideurs économiques et financiers des hôpitaux

ÉDITORIAL - ÉVÈNEMENT

La santé mentale, cause nationale du nouveau gouvernement. Et la psychiatrie ?

 

Clémence ZACHARIE

Maître de conférences en droit public (UPEC)

Se trouvant à la croisée du soin et de la préservation de l'ordre public, la prise en charge de la santé mentale ne cesse de constituer une urgence jamais traitée. Plans et politiques publiques se multiplient, sans que ne soit atteint l'objectif de sauvetage d'un secteur du soin que d'aucun considère comme moribond. À cela s'ajoutent les à-coups des réformes enchaînant des objectifs parfois contraires que le droit peine à encadrer. La normalisation du soin psychiatrique a été largement portée par la loi HPST en 2009, remettant en question la spécificité de la sectorisation psychiatrique au point que la loi de 2016 confirme la mission de psychiatrie de secteur comme étant une mission de service public, composante de la prise en charge de la santé mentale dans le cadre d'une politique globale de santé publique.

A-t-on dès lors procédé indirectement à une dilution de la spécificité des établissements de soins psychiatriques dans le cadre élargi des acteurs de prise en charge de la santé mentale ? Pas nécessairement si l'on considère que désormais, l'hôpital n'est plus seul à porter la responsabilité de la prise en charge, le projet territorial de santé mentale insérant la prise en charge dans une démarche coopérative, mobilisant tant les acteurs de soins que ceux du secteur médico-social. Telle est la réalité qui a été portée en 2016, mais l'est-elle toujours en 2024, après le traumatisme qu'a constitué la crise COVID, révélatrice de l'état de la santé mentale en France, mais aussi des difficultés rencontrées dans leur prise en charge ? Probablement pas si l'on considère que sont alors apparus les problèmes criants liés au financement et à sa rénovation, mais aussi et surtout au recrutement des personnels de soins, notamment dans le secteur de l'hôpital public qui, s'il est en charge de plus de 85 % des patients, avec une part importante de prise en charge ambulatoire notamment, comptent, pour 40 % d'entre eux, un à trois-quarts
des emplois vacants !

Faire de la santé mentale un objectif majeur de la politique de santé conduit nécessairement à porter une politique de formation ambitieuse, reposant sur la valorisation de l'attractivité du secteur psychiatrique. Renforcer l'offre de stage en psychiatrie, soutenir financièrement les professionnels travaillant en UMD, accompagner la formation et le recrutement d'infirmiers en pratique avancée dans le secteur sont autant de pistes soulevées par le Livre blanc de la psychiatrie rédigé par la FHF au printemps dont il convient de savoir si les annonces du nouveau Premier ministre vont constituer une nouvelle - et salutaire publicité. Rien n'est moins sûr dans un cadre de tensions budgétaires menaçant le financement des politiques publiques dans les mois et années à venir.

 
Au sommaireN°194
Octobre 2024

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